Enfin, vos musiciens, nous en convenons volontiers, arriveront à l’accord, à l’harmonie, si la direction du chef d’orchestre est imposée.
Eh ! mon Dieu, ce n’est pas en économie seulement ; et qui ne sait qu’en toutes choses le despotisme infaillible serait la meilleure solution ?
Mais où est-il ce chef d’orchestre social en mesure de faire reconnaître son titre d’infaillibilité et son droit à la domination ?
En son absence, j’aime mieux laisser les musiciens eux-mêmes s’organiser entre eux, car, comme vous le dites, ils sont trop intelligents pour ne pas comprendre que sans cela l’harmonie serait impossible !
Vous voyez donc bien que nous commençons à nous entendre, et que vous êtes amené, comme nous, à laisser, bon gré mal gré, le principe d’action là où Dieu l’a placé, dans l’humanité et non dans celui qui l’étudie.
Quand nous exposons les phénomènes, leurs causes et leurs conséquences ; quand nous nous contentons de montrer comment telle action vicieuse conduit inévitablement à telle conséquence funeste ; quand, par exemple, nous disons : La paresse conduit à la misère, l’excès de population à une diminution et à une mauvaise répartition du bien être, vous vous écriez que nous sommes fatalistes.
Entendons-nous. Oui, nous sommes fatalistes à la manière des physiciens, quand ils disent : « Si une pierre n’est pas soutenue, il est fatal qu’elle tombe. »
Nous sommes fatalistes à la manière des médecins, quand ils disent : « Si vous mangez outre mesure, il est fatal que vous ayez une indigestion. »
Mais reconnaître l’existence d’une loi fatale, est-ce bien du fatalisme ? Après tout, avons-nous fait ces lois, comme vous nous en accusez, quand vous reprochez aux économistes tous les maux de la société, faisant abstraction des