Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/473

Cette page a été validée par deux contributeurs.

science sociale redevable au fouriérisme de ces trois grandes innovations : « la foi à l’amélioration indéfinie de l’espèce humaine, le principe de l’association et la charité des masses ; » — parce que la perfectibilité de l’homme, conséquence de son principe intelligent, a été reconnue longtemps avant Fourier ; — parce que l’association est aussi ancienne que la famille ; — parce que la charité des masses, de quelque manière qu’on veuille la considérer, au point de vue théorique ou au point de vue pratique, dans l’individu ou dans la société, a été formellement promulguée par le christianisme et partout mise en œuvre, du moins à quelque degré. Mais la postérité s’étonnera que vous assigniez une place si élevée, que vous prodiguiez tant d’encens à une école que vous flétrissez en même temps par ces paroles éloquentes : C’est un monastère où « la mère n’est qu’une femme enceinte, le père un homme qui engendre, et l’enfant un produit des deux sexes. »

Mais que blâmez-vous dans les économistes ? Seraient-ce les formes parfois arides dont ils ont revêtu leurs idées ? C’est là de la critique littéraire. En ce cas il fallait reconnaître les services qu’ils ont rendus à la science, et vous borner à les accuser d’être de froids écrivains. Sur ce terrain encore, on pourrait répondre que si le langage sévère et précis de la science a l’inconvénient de n’en pas hâter assez la propagation, le style chaleureux et imagé du poëte, transporté dans le domaine didactique, a l’inconvénient bien plus grave d’égarer souvent le lecteur après avoir égaré l’écrivain. Mais ce n’est pas la forme que vous attaquez, c’est la pensée et même l’intention.

La pensée ! mais comment l’accuser ? Elle peut bien être fausse ; elle ne saurait être blâmable, car elle se résume ainsi : « Il y a plus d’harmonie dans les lois divines que dans les combinaisons humaines. » Permis à vous de dire comme Alphonse : « Ces lois seraient meilleures si j’eusse été ap-