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plus immédiatement utile à l’homme après la liberté de travailler.

C’est donc la législation qui est la cause de nos maux. Les manufacturiers nous ont dit : « Vous n’achèterez qu’à nous et à notre prix. » Le fisc : « Vous ne vendrez qu’après que j’aurai pris la moitié de votre produit. »

La législation nous tue, dans le sens le plus absolu du mot ; et si nous voulons vivre, il faut réformer la législation. (V. le Discours sur l’impôt des boissons, t. V, p. 468.)

Or une réforme dans la législation ne peut émaner que du corps électoral.

Mais comment remplit-il sa mission ?

En présence des maux sans nombre qui dépeuplent nos champs et nos villes, que fait-il pour modérer l’action du fisc, pour restituer aux hommes la faculté d’échanger entre eux, selon leurs intérêts, le fruit de leurs sueurs ?

Ce qu’il fait ? Il remet le mandat législatif à nos adversaires ; il va chercher des représentants dans les forges, dans les fabriques et jusque dans les antichambres.

On entend de toute part proclamer cette doctrine : « Les faveurs sont au pillage ; bien fou celui qui ne fait pas comme les autres. »

Parmi les hommes qui tiennent ce langage, il en est qui ne songent qu’à eux, — je n’ai rien à leur dire. Mais d’autres ne peuvent être soupçonnés d’un tel égoïsme ; leur fortune les met au-dessus des combinaisons d’une ambition mesquine. Une raison sans réplique constate, d’ailleurs, leur désintéressement personnel : s’ils cherchaient leur propre avancement, ce n’est pas du droit électoral, mais de la députation qu’ils se feraient un marchepied ; et on les voit décliner la candidature.

Ce n’est donc pas à eux-mêmes, mais à l’esprit de localité qu’ils sacrifient l’intérêt général. L’intérêt général est une chose inaccessible, disent-ils. La machine est montée