Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/373

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’elle avait gagné pendant les vingt-cinq premières années de cette période. (Voir, au tome V, les pages 471 à 475.)

C’est ainsi que les faits les mieux constatés viennent donner aux lois de la population, révélées par la science, leur lugubre consécration.

« Les obstacles à la population qui maintiennent le nombre des habitants au niveau de leurs moyens de subsistance, dit Malthus, peuvent être rangés sous deux chefs : les uns agissent en prévenant l’accroissement de la population, et les autres en la détruisant à mesure qu’elle se forme. »

Sur quoi M. Senior fait cette réflexion :

« Malthus a divisé les obstacles à la population en préventifs et destructifs. Les premiers diminuent le nombre des naissances, les seconds augmentent celui des décès ; et comme son calcul ne se compose que de deux éléments, la fécondité et la longévité, il n’y a pas de doute que sa division ne soit complète. »

On s’est élevé dans ces derniers temps contre cette doctrine. On lui a reproché d’être triste, décourageante. Il serait heureux, sans doute, que les moyens d’existence pussent diminuer, s’anéantir, sans que pour cela les hommes en fussent moins bien nourris, vêtus, logés, soignés dans l’enfance, la vieillesse et la maladie. Mais cela n’est ni vrai ni possible ; cela est même contradictoire. Je ne puis vraiment pas concevoir les clameurs dont Malthus a été l’objet. Qu’a donc révélé ce célèbre économiste ? Après tout, son système n’est que le méthodique commentaire de cette vérité bien ancienne et bien claire : quand les hommes ne peuvent plus se procurer, en suffisante quantité, les choses qui alimentent et soutiennent la vie, il faut nécessairement qu’ils diminuent en nombre ; et s’ils n’y pourvoient par la prudence, la souffrance s’en chargera.

Nous voyons clairement agir cette loi dans notre Cha-