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propriété privée. Il échoua ; mais ses efforts attestent un grand progrès de la civilisation.

Combien lord Palmerston nous rejette loin de ce temps ! Il est donc admis maintenant que, si l’Angleterre a à se plaindre du roi Othon, il n’est pas un Grec qui puisse se dire propriétaire d’une barque, ou d’un tonneau de marchandise. Par la même raison, si la France a quelque grief contre la Belgique, la Suisse, le Piémont, elle peut envoyer des bataillons s’emparer des maisons, des récoltes, des bestiaux, etc. ; c’est de la barbarie… Je le répète, avec un tel système, il faut que chacun reste armé jusqu’aux dents, et se tienne prêt à défendre son bien. — Car, mon ami, les hommes ne sont pas encore des Quakers. Ils n’ont pas renoncé au droit de défense personnelle, et probablement ils n’y renonceront jamais.

Si encore tout se bornait aux doctrines et aux actes de lord Palmerston, ce serait une iniquité de plus à la charge de la diplomatie ; voilà tout. Mais ce qui est grave, ce qui est menaçant, c’est l’approbation inattendue donnée à cette politique par la nation anglaise. Il me reste un espoir : c’est que cette approbation soit une surprise.

Mais tout en politiquant, j’oublie de vous dire que, pour me conformer aux ordonnances des médecins, sans y avoir grand’foi, je pars pour l’Italie. Ils m’ont condamné à passer cet hiver à Pise, en Toscane. De là, j’irai sans doute visiter Florence et Rome. Si vous avez là quelques amis assez intimes pour que je puisse me présenter à eux, veuillez me les signaler, sans vous donner la peine de faire des lettres de recommandation. Si je savais où trouver monsieur et madame Schwabe, je les préviendrais de cette excursion afin de prendre leurs ordres. Quand vous aurez occasion de leur écrire, veuillez leur faire part de ce voyage.