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mande quelquefois si je ne suis pas un maniaque, comme tant d’autres, enfoncé dans ma vieille erreur ; mais cette pensée ne peut prévaloir, car je connais trop, ce me semble, tous les détails du problème. D’ailleurs, je médis toujours : En définitive, ce que je demande, c’est le triomphe des harmonieuses et simples lois de la Providence. Est-il présumable qu’elle s’est trompée ?

Je regrette aujourd’hui très-profondément d’avoir accepté le mandat qui m’a été confié. — Je n’y suis bon à rien, tandis que, comme simple publiciste, j’aurais pu être utile à mon pays.

7 août 1848.

Mon cher Cobden, je quitte l’assemblée pour répondre quelques lignes à votre lettre du 5. J’espérais voir nos ministres pour conférer avec eux sur la communication que vous me faites, mais ils ne sont pas venus. En attendant d’autres détails, voici ce que je sais.

Nous nous sommes trouvés, pour 1848, en face d’un déficit impossible à combler par l’impôt. Le ministre des finances a pris la résolution d’y pourvoir par l’emprunt et d’organiser son budget de 1849 de manière à équilibrer les recettes et les dépenses, sans en appeler de nouveau au crédit. L’intention est bonne, le tout est d’y être fidèle.

Dans cette pensée, il a reconnu que les recettes ordinaires ne pouvaient faire face aux dépenses de 1849, qu’autant que celles-ci seraient réduites d’un chiffre assez considérable. Il a donc déclaré à tous ses collègues qu’ils devaient aviser à une réduction à répartir entre tous les services. Le département de la marine est compris pour 30 millions dans la réduction proposée ; et comme il y a dans ce département des chapitres qu’il est impossible de toucher, tels que dépenses coloniales, bagnes, vivres, solde, etc., il s’ensuit que la réduction portera exclusivement sur les armements nouveaux à faire.