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ront tous la même difficulté ; et un jour viendra où l’on dira : Puisque nous ne pouvons renvoyer l’armée dans ses foyers, il faut l’envoyer soulever les peuples.

Si vous désarmez dans une forte proportion, si vous vous unissez fortement à nous pour conseiller à la Prusse la même politique, à cette condition, une ère nouvelle peut surgir et surgira du 24 février.


Paris, 26 février 1848.

Mon cher Cobden, je donnerais beaucoup d’argent (si j’en avais), pour voir un moment M. de Lamartine notre ministre des Affaires étrangères. Mais je ne puis arriver à lui.

Je voudrais aller à Londres, mais non sans l’avoir vu, parce qu’il faut bien lui soumettre les idées que j’aurais à vous communiquer.

L’Angleterre peut faire un bien immense, sans se nuire le moins du monde. Elle peut substituer chez nous l’attachement sincère à de funestes préventions. Elle n’a qu’à le vouloir. Par exemple, pourquoi ne ferait-elle pas cesser spontanément sa sourde opposition à notre triste conquête algérienne ? Pourquoi ne ferait-elle pas cesser spontanément les dangers qui naissent du droit de visite ? Pourquoi laisser s’enraciner chez nous l’idée qu’elle veut nous humilier ? Pourquoi attendre que les circonstances enveniment ces affaires ? Quel magnifique spectacle si l’Angleterre disait : « Quand la France aura choisi un gouvernement, l’Angleterre s’empressera de le reconnaître, et, pour preuve de sa sympathie, elle reconnaîtra aussi l’Algérie comme française, et renoncera au droit de visite dont elle aperçoit du reste l’inefficacité et les inconvénients ! »

Dites-moi, mon cher Cobden, ce que de tels actes coûteraient à votre pays, s’ils étaient faits, comme je le dis, spontanément ?