Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.

truisez votre Acte de navigation, surtout licenciez votre marine militaire, n’en gardez que ce qui est indispensable pour votre sécurité, diminuez ainsi vos charges, vos dettes, soulagez votre population, ne menacez plus les autres peuples et la liberté des mers ; et alors, soyez-en sûrs, la France ouvrira les yeux.

Mon cher Cobden, dans un discours que j’ai prononcé à Lyon, j’ai osé prédire que cette législature, qui a sept ans devant elle, mettrait votre système politique en harmonie avec votre système économique. « Avant sept ans, ai-je dit, l’Angleterre aura diminué ses armées de terre et de mer de moitié. » Ne me faites pas mentir. — Je n’ai rencontré qu’incrédulité. On me blâme de faire le prophète ; on me prend pour un fanatique à vue courte qui ne comprend pas la ruse britannique ; mais moi j’ai confiance dans deux forces, la force de la vérité, et la force de vos vrais intérêts.

Je ne suis pas très-profondément instruit de ce qui se passe à Athènes et à Madrid. Ce que je puis vous dire, c’est que Palmerston et Bulwer inspirent une défiance universelle. Vous me répondrez que si M. Bulwer intrigue à Madrid, M. de Glucksberg en fait autant. Soit. Mais si l’un agit contre l’intérêt de la France, comme l’autre contre l’intérêt de l’Angleterre, il y a néanmoins cette différence que l’Angleterre se vante de connaître ses intérêts. Nous sommes encore dans les vieilles idées. Est-il surprenant que nos actes s’en ressentent ? Mais vous, qui vous êtes défaits des idées, repoussez donc les actes. Désavouez Palmerston et Bulwer. Rien ne servira autant à nous mettre, nous libre-échangistes, dans une excellente position vis-à-vis du public. Il y a plus, je désirerais que vous me dissiez la position que vous comptez prendre dans cette affaire au parlement. Je commencerais à préparer ici l’opinion publique.

Je vous l’avoue, mon cher ami, quoique ennemi de tout charlatanisme, si vous êtes en majorité et en mesure d’inau-