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Quel bien immense notre journal pourrait faire s’il mettait en contraste l’inanité et le danger de la politique actuelle avec la grandeur et la sécurité de la politique libre-échangiste ! Avant la fondation du journal, j’avais le projet de publier chaque mois un petit volume, dans le genre des Sophismes, où j’aurais eu mes coudées franches. Je crois vraiment qu’il eût été plus utile que le journal lui-même.

Notre agitation s’agite fort peu. Il nous manque toujours un homme d’action. Quand surgira-t-il ? je l’ignore. Je devrais être cet homme, j’y suis poussé par la confiance unanime de mes collègues, but I cannot. Le caractère n’y est pas, et tous les conseils du monde ne peuvent point faire d’un roseau un chêne. Enfin, quand la question pressera les esprits, j’espère bien voir apparaître un Wilson.

Je vous envoie les cinq à six derniers numéros du Libre-Échange. Il est bien peu répandu, mais il m’a été assuré qu’il ne laissait pas que d’exercer quelque influence sur plusieurs de nos leading men.

Il paraît que notre ministère n’osera pas présenter cette année une loi de douane qui introduise dans la législation actuelle des changements sérieux. Cela décourage quelques-uns de nos amis. Quant à moi, je ne désire même pas des modifications actuelles. Arrière les lois qui précèdent le progrès de l’opinion ! et je ne désire pas pour mon pays autant le free-trade que l’esprit du free-trade. Le free-trade, c’est un peu plus de richesse ; l’esprit du free-trade, c’est la réforme de l’intelligence même, c’est-à-dire la source de toutes les réformes.

Vous me parlez de Naples, de Rome, de la Sardaigne et du Piémont. Mais vous ne me dites rien de la Toscane. Cependant ce pays doit être très-curieux à observer. Si vous rencontrez quelque bon ouvrage sur l’état de ce pays, tâchez de me l’envoyer. Je ne serais pas fâché d’avoir aussi dans mon humble bibliothèque quelques-uns des plus anciens écono-