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parabole s’y mêlent en assez juste proportion[1]. Je vous l’enverrai, et vous m’en direz votre façon de penser, pour mon instruction. Vous comprenez que tout ménagement serait un mauvais service que vous me rendriez, mon cher Cobden. J’ai de l’amour-propre comme les autres, et personne ne craint plus que moi le ridicule ; mais c’est précisément ce qui me fait désirer les bons conseils et les bonnes critiques. Une de vos remarques peut m’en épargner mille dans l’avenir qui s’ouvre devant moi et qui m’entraîne. Ce soir va décider beaucoup de choses.

On m’attend au Havre. Oh ! quel fardeau qu’une réputation exagérée ! Là, il faudra traiter le shipping interest. Je me rappelle que vous avez dit de bonnes choses à ce sujet, à Liverpool ou à Hall. Je chercherai, mais si vous avez quelque bonne idée relativement au Havre, faites-m’en la charité, ou plutôt faites-la, through me, à ces peureux armateurs qui comptent sur la rareté des échanges pour multiplier les transports. Quel aveuglement ! quelle perversion de l’intelligence humaine !

Et je suis étonné, quand je pense à cela,
Comment l’esprit humain peut baisser jusque-là.

Je ne mettrai ma lettre à la poste que demain, afin de vous rendre compte d’un événement qui vous intéresse, je suis sûr, comme s’il vous était personnel.

J’oubliais de vous dire que votre lettre antérieure m’est arrivée trop tard. J’avais arrêté déjà deux appartements séparés, l’un pour l’association, l’autre pour moi, mais dans la même maison. Il faut en prendre son parti avec ce mot qui console l’Espagnol de tout : no hay remedio ! Quant à ma santé, ne vous alarmez pas ; elle va mieux. Je crois que la Providence m’en donnera jusqu’au bout. Je deviens superstitieux, n’est-il pas bon de l’être un peu ?

  1. V. ce discours, t. II, p. 238. (Note de l’éditeur.)