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côté les raisons personnelles que je puis avoir de rester dans mon coin. Soyez sûr que je fais à la cause un sacrifice qui a quelque mérite, en ce qu’il n’a rien d’apparent.

Depuis un mois, mon volume a un succès extraordinaire à Bordeaux. Le ton prophétique avec lequel j’annonçais la réforme m’a fait une réputation que je ne mérite guère, car je n’ai eu qu’à être l’écho de la Ligue. Mais enfin, j’en profite pour faire de la propagande. Quand je serai à Paris, je me consulterai pour savoir s’il ne serait pas à propos de faire une seconde édition dans un format à bon marché. Je ne doute pas que l’association bordelaise ne vienne en aide au besoin. Vous m’éviteriez un travail immense si vous me désigniez deux discours de MM. Bright, Villiers et autres, après avoir pris leur avis. Cela m’éviterait de relire les trois volumes de la Ligue. Il faudrait que ces messieurs indiquassent les discours où ils ont traité la question au point de vue le plus élevé et le plus général ; où ils ont combattu les fallacies les plus universellement répandues, surtout la réciprocité. J’y joindrai des observations, des renseignements statistiques et des portraits. Enfin il faudra aussi m’indiquer quelques séances du parlement, et principalement les plus orageuses, celles où les free-traders ont été attaqués avec le plus d’acharnement. Un pareil ouvrage, vendu à 3 francs, fera plus que dix traités d’économie politique. Vous ne pouvez pas vous imaginer le bien que fait à Bordeaux la première édition.

Je ne puis m’empêcher de déplorer que votre Premier ait manqué l’occasion de frapper l’Europe d’étonnement. Si, au lieu de dire : « J’ai besoin de nouveaux subsides pour augmenter nos forces de terre et de mer, » il avait dit : « Puisque nous adoptons le principe de la liberté commerciale, il ne peut plus être question de débouchés et de colonies. Nous renonçons à l’Orégon, peut-être même au Canada. Nos différends avec les États-Unis disparaissent, et je