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passe chez vous, ont été surpris à cette lecture. Ils ne pouvaient en croire leurs yeux. La vérité est que tout le monde en France ignore l’importance de votre agitation, et l’on en est encore à soupçonner que quelques manufacturiers cherchent à propager au dehors des idées de liberté par pur machiavélisme britannique. — Si j’avais combattu directement le préjugé, je ne l’aurais pas vaincu. En laissant agir les free-traders, en les laissant parler, en un mot, en vous traduisant, j’espère lui avoir porté un coup auquel il ne résistera pas, pourvu que le livre soit lu : That is the question.

J’espère, Monsieur, que vous voudrez bien m’admettre à l’honneur de m’entretenir un moment avec vous et de vous témoigner personnellement ma reconnaissance, ma sympathie et ma profonde admiration.

Votre très-humble serviteur.

Mugron, 2 octobre 1845.


Quel que soit le charme, mon cher Monsieur, que vos lettres viennent répandre sur ma solitude, je ne me permettrais pas de les provoquer par des importunités si fréquentes ; mais une circonstance imprévue me fait un devoir de vous écrire.

J’ai rencontré dans les cercles de Paris un jeune homme qui m’a paru plein de cœur et de talent, nommé Fonteyraud, rédacteur de la Revue britannique. Il m’écrit qu’il se propose de continuer mon œuvre, en insérant dans le recueil qu’il rédige la suite des opérations de la Ligue ; à cet effet, il veut aller en Angleterre pour voir par lui-même votre belle organisation, et il me demande des lettres pour vous, pour MM. Bright et Wilson. L’objet qu’il a en vue est trop utile pour que je ne m’empresse pas d’y consentir, et j’espère que, de votre côté, vous voudrez bien satisfaire la noble curiosité de M. Fonteyraud.