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de sécurité, qui est le trait saillant de l’opinion publique, exploitent ce besoin au profit de leur injustice. Ils restent froids, égoïstes, ils flétrissent tout effort qu’on fait pour les sauver, et ne rêvent que la restauration du petit nombre d’abus que la révolution a ébranlés.

Dans cette situation, le choc me semble inévitable, et il sera terrible. Les riches comptent beaucoup sur l’armée ; l’expérience du passé devrait les rendre un peu moins confiants à cet égard.

Quant à moi, je devais déplaire aux deux partis, par cela même que je m’occupais plus de les combattre dans leurs torts que de m’enrôler sous leur bannière ; moi et tous les autres hommes de conciliation scientifique, je veux dire fondée sur la justice expliquée par la science, nous resterons sur le carreau. La chambre prochaine, qui aurait dû être la même que celle-ci, sans les extrêmes, sera au contraire formée des deux camps exagérés ; la prudence intermédiaire en sera bannie. S’il en est ainsi, il ne me reste qu’une chose à dire : Dieu protège la France ! Mon ami, en restant dans l’obscurité, j’aurai des motifs de me consoler, si du moins mes tristes prévisions ne se réalisent pas. J’ai ma théorie à rédiger ; de puissants encouragements m’arrivent fort à propos. Hier, je lisais dans une revue anglaise ces mots : En économie politique, l’école française a eu trois phases, exprimées par ces trois noms : Quesnay, Say, Bastiat.

Certes, c’est prématurément qu’on m’assigne ce rang et ce rôle ; mais il est certain que j’ai une idée neuve, féconde et que je crois vraie. Cette idée, je ne l’ai jamais développée méthodiquement. Elle a percé presque accidentellement dans quelques-uns de mes articles ; et puisque cela a suffi pour qu’elle attirât l’attention des savants, puisqu’on lui fait déjà l’honneur de la considérer comme une époque dans la science, je suis maintenant sûr que lorsque j’en donnerai