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Je n’ai point de talent, encor moins de figure ;
Nul ne prend garde à moi, l’on m’ignore ici bas :
Autant vaudroit n’exister pas.
Comme il parloit, dans la prairie
Arrive une troupe d’enfans :
Aussi-tôt les voilà courans
Après le papillon dont ils ont tous envie :
Chapeau, mouchoirs, bonnets, servent à l’attraper.
L’insecte vainement cherche à leur échapper,
Il devient bientôt leur conquête.
L’un le saisit par l’aile, un autre par le corps ;
Un troisième survient & le prend par la tête :
Il ne falloit pas tant d’efforts
Pour déchirer la pauvre bête.
Oh ! oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux vivons caché.


FABLE XVI

Le Danseur de corde & le Balancier


Sur la corde tendue un jeune voltigeur
Apprenoit à danser ; & déjà son adresse,
     Ses tours de force, de souplesse,