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Depuis qu’il m’appartient je ne suis plus le même ;
Mon âme est endurcie, & la voix du malheur
    N’arrive plus jusqu’à mon cœur.
Mes enfants, sauvez-moi de ce péril extrême
Prenez & partagez ce dangereux métal ;
Emportez votre part chacun dans votre asile :
Entre tous divisé, cet or peut être utile ;
Réuni chez un seul, il ne fait que du mal. »

    Soyons contents du nécessaire,
Sans jamais souhaiter de trésors superflus :
Il faut les redouter autant que la misère,
    Comme elle ils chassent les vertus.


FABLE III

Le vieux Arbre & le Jardinier


Un jardinier dans son jardin
       Avoit un vieux arbre stérile ;
C’étoit un grand poirier, qui jadis fut fertile ;
Mais il avoit vieilli, tel est notre destin.
Le jardinier ingrat veut l’abattre un matin ;
       Le voilà qui prend sa cognée.
       Au premier coup l’arbre lui dit :
  Respecte mon grand âge, & souviens-toi du fruit
       Que je t’ai donné chaque année.