Si jamais le sort t’est contraire,
Souviens-toi du sarigue, imite-le, mon fils :
L’asile le plus sûr est le sein d’une mère.
FABLE II
Le bon homme & le Trésor
Un bon homme de mes parents,
Que j’ai connu dans mon jeune âge,
Se faisoit adorer de tout son voisinage ;
Consulté, vénéré des petits & des grands,
Il vivoit dans sa terre en véritable sage.
Il n’avoit pas beaucoup d’écus,
Mais cependant assez pour vivre dans l’aisance ;
En revanche, force vertus,
Du sens, de l’esprit par dessus,
Et cette aménité que donne l’innocence.
Quand un pauvre venoit le voir,
S’il avoit de l’argent, il donnoit des pistoles ;
Et, s’il n’en avoit point, du moins par ses paroles
Il lui rendoit un peu de courage & d’espoir.
Il raccommodoit les familles,
Corrigeoit doucement les jeunes étourdis,
Riait avec les jeunes filles,
Et leur trouvoit de bons maris.
Indulgent aux défauts des autres,
Il répétoit souvent : « N’avons nous pas les nôtres ?