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D’ailleurs tout dans ce genre a droit d’être croyable,
Lorsque c’est devant vous qu’on peut le raconter.

Maman, disoit un jour à la plus tendre mère
Un enfant péruvien sur ses genoux assis,
Quel est cet animal qui, dans cette bruyère,
Se promène avec ses petits ?
Il ressemble au renard. Mon fils, répondit-elle,
Du sarigue c’est la femelle ;
Nulle mère pour ses enfants
N’eut jamais plus d’amour, plus de soins vigilants.
La nature a voulu seconder sa tendresse,
Et lui fit près de l’estomac
Une poche profonde, une espèce de sac,
Où ses petits, quand un danger les presse,
Vont mettre à couvert leur foiblesse.
Fais du bruit, tu verras ce qu’ils vont devenir.
L’enfant frappe des mains : la sarigue attentive
Se dresse & d’une voix plaintive
Jette un cri ; les petits aussitôt d’accourir,
Et de s’élancer vers la mère,
En cherchant dans son sein leur retraite ordinaire.
La poche s’ouvre, les petits
En un moment y sont blottis,
Et disparaissent tous ; la mère avec vitesse
S’enfuit emportant sa richesse.
La Péruvienne alors dit à l’enfant surpris :