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C’est là que je suis né, c’est là qu’est mort mon père,
Je prétends y mourir aussi.
Le calife, s’il veut, peut me chasser d’ici ;
Il peut détruire ma chaumière ;
Mais, s’il le fait, il me verra
Venir, chaque matin, sur la dernière pierre
M’asseoir & pleurer ma misere :
Je connois Almamon, son cœur en gémira.
Cet insolent discours excita la colere
Du vizir, qui vouloit punir ce téméraire
Et sur-le-champ raser sa chétive maison.
Mais le calife lui dit : Non,
J’ordonne qu’à mes frais elle soit réparée ;
Ma gloire tient à sa durée :
Je veux que nos neveux, en la considérant,
Y trouvent de mon règne un monument auguste ;
En voyant le palais, ils diront : Il fut grand ;
En voyant la chaumiere, ils diront : Il fut juste.


FABLE IX.

Le Chien & le Chat.


Un chien vendu par son maître
Brisa sa chaîne, & revint
Au logis qui le vit naître.
Jugez de ce qu’il devint