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Mais il perd l’équilibre, il tombe & n’a rien pris.
Alors, sans davantage attendre,
Sans chercher plus long-temps ce qu’il ne peut comprendre,
Il laisse le miroir & retourne aux souris.
Que m’importe, dit-il, de percer ce mystère ?
Une chose que notre esprit,
Après un long travail, n’entend ni ne saisit,
Ne nous est jamais nécessaire.

FABLE VII.

Le Bœuf, le Cheval & l’Âne.


Un bœuf, un baudet, un cheval,
Se disputoient la préséance.
Un baudet ! direz-vous, tant d’orgueil lui sied mal.
A qui l’orgueil sied-il ? & qui de nous ne pense
Valoir ceux que le rang, les talents, la naissance,
Élèvent au-dessus de nous ?
Le bœuf, d’un ton modeste & doux,
Alléguoit ses nombreux services,
Sa force, sa docilité ;
Le coursier sa valeur, ses nobles exercices ;
Et l’âne son utilité.
Prenons, dit le cheval, les hommes pour arbitres ;
En voici venir trois, exposons-leur nos titres,