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moins qu’on puisse exiger d’un fabuliste, que voulez-vous que je devienne ? Ou laissez-moi brûler mes fables, ou ne me démontrez pas qu’elles ne réussiront point. Je pourrois vous répondre pourtant que l’élégant Phèdre n’est rien moins que gai, que le laconique Ésope ne l’est pas beaucoup davantage, que l’Anglais Gay n’est presque jamais qu’un philosophe de mauvaise humeur, et que cependant…

Ces messieurs-là, reprit le vieillard, n’ont rien de commun avec vous. Indépendamment de la différence de leur nation, de leur siècle, de leur langue, songez que Phèdre fut le premier chez les Romains qui écrivit des fables en vers, que Gay fut de même le premier chez les Anglais. Je ne prétends pas assurément leur disputer leur mérite : mais croyez que ce mot de premier ne laisse pas de faire à la réputation des hommes. Quant à votre Ésope, je ne dirai pas qu’il fut aussi le premier chez les Grecs, car je suis persuadé qu’il n’a jamais existé.