Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/131

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Il demande pourquoi de si nombreux services
N’ont jamais pu rien obtenir.
Le bon homme renard, avec sa voix cassée,
Lui dit : Mon cher enfant, la semaine passée,
Un blaireau, mon cousin, est mort dans ce terrier :
     C’est moi qui suis son héritier,
J’ai conservé sa peau ; mets-la dessus la tienne,
El retourne à la cour. Le renard avec peine
Se soumit au conseil. Affublé de la peau
     De feu son cousin le blaireau,
Il va se regarder dans l’eau d’une fontaine,
Se trouve l’air d’un sot, tel qu’étoit le cousin.
Tout honteux, de la cour il reprend le chemin.
Mais, quelques mois après, dans un riche équipage,
Entouré de valets, d’esclaves, de flatteurs,
      Comblé de dons & de faveurs,
Il vient de sa fortune au vieillard faire hommage :
Il étoit grand visir. Je te l’avois bien dit,
      S’écrie alors le vieux grand-père ;
Mon ami, chez les grands quiconque voudra plaire,
      Doit d’abord cacher son esprit.