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faisoit plaisir, et préparoit doucement le cœur à l’attrait qu’il éprouvoit bientôt pour cet honnête homme.

Il me reçut avec une bonté franche et polie, me fit asseoir près de lui, me pria de parler un peu haut, parce qu’il avoit, me dit-il, le bonheur de n’être que sourd ; et, déja prévenu par son neveu que je me donnois les airs d’être un fabuliste, il me demanda si j’aurois la complaisance de lui dire quelques-uns de mes apologues.

Je ne me fis pas presser, j’avois déjà de la confiance en lui. Je choisis promptement celles de mes fables que je regardois comme les meilleures ; je m’efforçai de les réciter de mon mieux, de les parer de tout le prestige du débit, de les jouer en les disant ; et je cherchai dans les yeux de mon juge à deviner s’il étoit satisfait.

Il m’écoutoit avec bienveillance, sourioit de temps en temps à certains traits, rapprochent ses sourcils à quelques autres, que je notois en moi-même pour les corriger. Après avoir entendu une douzaine d’apologues,