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Griffaut confus.

Mais j’ai fait son éloge hier… On peut tous dire…

André.

Vous l’avez fait trop tard ; il est mort sans le lire.
(Apercevant par terre le journal déchiré.)
Le voilà cet éloge… hélas !… tant désiré.

Griffaut.

Le croyant une insulte, il l’aura déchiré.
Un homme peut-il donc mourir d’une épigramme ?

André.

Mon Dieu ! qui nourrira mes enfants et ma femme ?

Griffaut à Martel.

Comment prévoir… Martel, quelle fatalité !

(Madame Guilbert et Valentine, au nom de Martel, lèvent les yeux et le regardent avec indignation.)
Martel à Edgar.

Quelle puissance, Edgar !

Edgar.

Quelle jouissance, Edgar ! J’en suis épouvanté !

André.

Sans pain et sans état !… Je demande vengeance !
Ils ne respectent rien, pas même l’indigence.
Ils ont tué mon maître et causé tous mes maux,
Ces infâmes journaux !

Guilbert.

Ces infâmes journaux !Les journaux !

Valentine.

Ces infâmes journaux ! Les journaux !Les journaux !

Guilbert à part.

Risquer une fortune et perdre un ministère !

Valentine à part.

C’est pour les avoir lus que je quitte ma mère.

Pluchard bas à Griffaut.

Je serai condamné.

Griffaut.

Je serai condamné.Toi !… pour quelle raison ?

Pluchard montrant Martel :

Pour son article, hélas ! à deux mois de prison.
(Haut.)
Ah ! les journaux !