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Valentine à part.

Ce qu’il me demandait, je n’ai pu l’obtenir ;
C’est pour le consoler que j’ai voulu venir,
Afin qu’en apprenant cette triste nouvelle
Il ne m’accuse pas d’avoir manqué de zèle.
(Haut, se promenant dans l’atelier.)
Pendant qu’il n’est pas là, regardons ses tableaux ;
Je ne les connais pas… Ma mère, qu’ils sont beaux !
J’ignorais que Morin eût fait de tels ouvrages.
Quoi ! c’est ce grand talent que poursuivent d’outrages
Ces indignes journaux ! Rien n’est sacré pour eux.
Oh ! qu’il avait raison et qu’ils sont dangereux !
Combien je les déteste à mon tour quand je songe,
Hélas ! que par l’effet de leur affreux mensonge
Vous n’osez plus, ma mère, avec nous habiter,
Et que, nous punissant, vous allez nous quitter !

Madame Guilbert.

Ma présence chez vous n’était plus convenable

(Valentine pleure.)

Après tous ces propos… Allons, sois raisonnable.


Scène V.

MADAME GUILBERT, VALENTINE, ANDRÉ.
André.

Ah ! mesdames, pardon, mon maître vous attend.
Je vais le prévenir, car je rentre à l’instant.
Il m’avait ordonné de porter une lettre
Chez monsieur de Norval et de la lui remettre
Moi-même en propre main ; mais il était sorti.

(Il entre dans l’appartement de Morin.)
Madame Guilbert.

Edgar est prévenu, nous l’avons averti ;
Ton père et lui viendront nous chercher dans deux heures.
Mais on ne fera pas ton portrait si tu pleures !
Viens !

(Elle embrasse Valentine.)
Valentine.

Viens ! Il était si doux de se voir tous les jours !

(On entend une grande rumeur.)
Madame Guilbert.

Mon Dieu ! n’entends-tu pas que l’on crie au secours ?