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Valentine.

J’ai déjà confié ce projet à mon père,
Et vous l’approuverez comme lui, je l’espère.
Nous voulons marier ma sœur…

Madame Guilbert.

Nous voulons marier ma sœur…Si promptement !
Ah ! vous vous passerez de mon consentement,
Son absence aujourd’hui serait trop douloureuse.

Valentine.

J’ai le droit d’exiger que ma sœur soit heureuse.

Madame Guilbert.

Envers toi, Valentine, ai-je donc quelques torts ?

Valentine.

On se croit innocent quand on est sans remords.

Madame Guilbert.

Si je te fais souffrir, ma fille, ose te plaindre ;
Ce n’est pas avec moi que tu peux te contraindre.
Pourquoi trembler ainsi… pâlir à mon aspect ?
Parle, cette froideur…

Valentine.

Parle, cette froideur…Est encor du respect ?
De mes ressentiments je crains la violence.
Ah ! ne me forcez pas à rompre le silence.

Madame Guilbert.

Je ne puis supporter cette position ;
Je demande, j’attends une explication :
D’où vient ce désespoir, cette parole amère ?…

Valentine.

Vous m’avez mariée à votre amant, ma mère !
Vous-même avez formé cet indigne lien !

Madame Guilbert.

Ma fille, écoute-moi…

Valentine.

Ma fille, écoute-moi…Non, je n’écoute rien…

Madame Guilbert.

C’est ta soumission que ta mère réclame.

Valentine.

Moi, je ne me sens plus votre fille, madame !

Madame Guilbert.

Les méchants ont parlé… Pauvre enfant, calme-toi.