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Je me suis rappelé bien des discours étranges,
De tendresse et de haine incroyables mélanges !
Ah ! je me suis surtout rappelé l’heureux jour
Où ma mère, joyeuse et triste tour à tour,
Nous maria… Mon Dieu !… nous étions à l’église,
À l’autel ; près de moi ma mère était assise.
Tout à coup… en sanglots je l’entends éclater…
Elle s’évanouit… il fallut l’emporter !
Oh ! je me sens mourir… Edgar, je vous implore !
Évitons un éclat… il en est temps encore :
Partons avec ma sœur, emmenez-moi… Du moins,
Mon affreux désespoir n’aura pas de témoins ;
Peut-être loin de ceux dont le bonheur m’outrage
Je pourrai me contraindre et vivre avec courage….
Je vous supplie !…

Edgar.

Je vous supplie !…Eh bien, vous viendrez avec nous.
Mais d’ici là soyez prudente, calmez-vous ;
Vous tenez dans vos mains l’honneur de votre mère !
J’entends venir quelqu’un, ne pleurez pas !…

Valentine apercevant Guilbert.

J’entends venir quelqu’un, ne pleurez pas !…Mon père !


Scène IV.

VALENTINE, EDGAR, GUILBERT.
Guilbert à Edgar.

Vous savez, mon ami, tout ce qui s’est passé ?

Edgar.

Non.

Guilbert.

Non.Par ses ennemis mon gendre est renversé.
Malgré tous nos efforts, on le met à la porte,
Et c’est le président du conseil qui l’emporte !

Edgar.

On le disait hier déjà… mais j’espérais
Qu’ils se mettraient d’accord.

Guilbert.

Qu’ils se mettraient d’accord.Jugez de mes regrets !
De tout ce changement c’est moi qui suis la cause.