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Edgar.

Quoi ! partir avec nous !… et pour quelle raison ?
Votre mari…

Valentine.

Votre mari…Je veux quitter cette maison ;
Elle m’est odieuse, et je n’y peux plus vivre.
De mon indigne chaîne il faut qu’on me délivre.
Je ne peux plus cacher ma honte et mon dégoût !…
Ensemble ils me trompaient !… Je sais tout, je sais tout !

Edgar.

Gardez-vous de nourrir cette affreuse pensée.

Valentine.

Moi qui les aimais tant !… Que j’étais insensée !

Edgar.

Vous devez les chérir encor.

Valentine.

Vous devez les chérir encor.Jamais, jamais !

Edgar.

Votre mère pour vous…

Valentine.

Votre mère pour vous…Ma mère !… je la hais !
Voilà donc l’union que ses mains ont bénie !

Edgar.

Osez-vous la juger sur une calomnie,
Et voulez-vous troubler son bonheur, son repos,
Par votre confiance en un lâche propos ?
Pensez-vous qu’avec eux je sois d’intelligence ?
Pour de tels sentiments ai-je de l’indulgence ?
Croyez-vous que l’honneur me soit si peu sacré
Que j’unisse à mon nom un nom déshonoré ?
Ah ! vous me connaissez, et vous devez comprendre…

Valentine.

Edgar, c’est un devoir pour vous de les défendre ;
Mais vos secours sont vains, le prestige a cessé,
Et mes yeux sont ouverts ; j’ai lu dans le passé.
Je me suis rappelé bien des choses obscures
Qui s’expliquent enfin par autant d’impostures :
Des égards que d’abord je n’avais pas compris,
Sacrifices menteurs dont je connais le prix.