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Edgar.

Il est bien tard ; je crains que cet avis perfide
N’ait jeté le soupçon dans une âme candide ;
Elle ne pourra point supporter un tel coup.

Martel.

C’est donc vrai ?

Edgar.

C’est donc vrai ? Non… d’honneur ! mais on l’a dit beaucoup.
Tout viendra, malgré moi, lui rendre cette idée :
Dans un passé douteux, par le soupçon guidée,
Elle va chaque jour, dans la moindre action,
Trouver contre sa mère une accusation !
Le malheur qu’on redoute est toujours fort probable !
Et d’ailleurs, ton article…

Martel avec douleur.

Et d’ailleurs, ton article…Ah ! je suis bien coupable !
Mais je veux croire encor qu’elle ne l’a pas lu.

Edgar.

La voici… Qu’elle est pâle !

Martel.

La voici… Qu’elle est pâle ! Edgar, tout est perdu !

Edgar.

Va vite ! il ne faut pas qu’elle nous voie ensemble.

(Martel sort.)

Scène III.

EDGAR, VALENTINE.
Edgar à part.

Son regard me fait mal… Mon Dieu, comme elle tremble.
Hélas ! que de bonheur un mot vient de troubler !
(Haut.)
Vous désirez me voir ?

Valentine.

Vous désirez me voir ? Oui, je veux vous parler,
Edgar. Pour des motifs que je ne puis vous dire,
Mais que vous devinez… sans doute… je désire
Avoir bientôt en vous un frère, un défenseur.
Oh ! vous êtes si bon, vous aimez tant ma sœur !
J’ai hâte d’assister à votre mariage,
Et quand vous partirez, je serai du voyage.