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ACTE QUATRIÈME.


Même décoration qu’au troisième acte.

Scène I.

EDGAR seul, il se promène à grands pas et semble inquiet.

Valentine m’écrit de me rendre chez elle ;
Voudrait-on m’annoncer quelque triste nouvelle ?
Hier a-t-elle lu ce journal ? Je le crains !
Ah ! s’il en est ainsi, pour nous que de chagrins !
Comment calmer jamais cette tête exaltée,
Par d’infâmes soupçons sans cesse tourmentée ?
Pourquoi n’ai-je pas lu cet article odieux ?
On aurait pu du moins le soustraire à ses yeux !
Et Martel est l’auteur d’une telle infamie !
La main qui nous déchire est une main amie !


Scène II.

EDGAR, MARTEL sortant de chez Guilbert.
Edgar apercevant Martel.

Votre présence ici…

Martel.

Votre présence ici…T’alarme avec raison.
Tu vois que je m’en vais.

Edgar indigné.

Tu vois que je m’en vais.Vous ! dans cette maison !
J’admire votre audace. Ah ! c’est un grand courage
Que d’oser se montrer chez les gens qu’on outrage.

Martel.

Ici je ne viens pas non plus pour mon plaisir,
Et d’y rester longtemps je n’ai point le désir.
Monsieur Guilbert m’écrit une insolente lettre
Que dans notre journal il nous condamne à mettre ;
Mais il n’en sera rien : nous ne publierons pas
Sa réclamation… Non… et tu le verras.
Je suis très-bravement venu pour le lui dire,
Et lui dicter enfin ce qu’il doit nous écrire.