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Ils prenaient avec eux Rissac de la Gironde.
Cette combinaison arrangeait tout le monde :
On sait d’un tel faisceau la médiocrité…
Mais, voulant s’expliquer, vite ils ont disputé !…
Ah ! que de petitesse et quelle inquiétude !

Valentine.

Et rien n’est décidé ?

Madame Guilbert.

Et rien n’est décidé ? Non, rien ; l’incertitude
Dure encor. Ces messieurs, après de longs débats,
Ont enfin découvert qu’ils ne s’entendaient pas.
Ce sont des pourparlers ! ce sont des commentaires !
Nous avons eu déjà ce soir trois ministères.
Ah ! quels hommes ! chacun accepte… en refusant.
Si ce n’était honteux, ce serait fort plaisant !
Mais ces dissensions ne nous sont pas contraires,
Et je crois que Dercourt peut rester aux affaires.

Valentine.

Nous n’irons pas au bal ?

Madame Guilbert.

Nous n’irons pas au bal ? Il faut nous y montrer ;
Et dès que ton mari…

Un Laquais.

Et dès que ton mari…Monsieur vient de rentrer.
Le ministre de Prusse est près de lui.

(Le laquais sort.)
Madame Guilbert.

Le ministre de Prusse est près de lui.N’importe,
Je cours le prévenir, de crainte qu’il ne sorte ;
Je veux lui faire part d’un avis important.
Valentine, attends-moi, je reviens à l’instant.

(Elle sort.)

Scène XI.

VALENTINE seule.

Que d’agitations ! je m’afflige pour elle
De tous ces embarras. La fâcheuse querelle !
Quel supplice ! Voilà mon bal bien attristé !

(Elle s’approche de la table.)

Que faire en attendant ?… Lisons… La Vérité.