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Scène V.

EDGAR, VALENTINE.
Valentine.

À nous deux maintenant. Vous avez vu ma sœur ?

Edgar.

Oui, je viens de la voir.

Valentine.

Oui, je viens de la voir.Ah ! comme elle est grandie !

Edgar.

Il faut la marier.

Valentine.

Il faut la marier.Elle est trop étourdie.
Non, monsieur, c’est finir trop tôt votre roman,
Et vous devez languir pour elle encore un an.

Edgar.

Un an ! mais c’est trop long ; vous êtes bien sévère !

Valentine.

Songez donc qu’elle doit vivre loin de ma mère.
Malgré l’attachement qu’elle ressent pour vous,
Elle pleure en songeant qu’il faut nous quitter tous.
Se séparer déjà de ma mère, à son âge !
Moi je n’aurais pas eu ce douloureux courage.
J’aimais bien mon mari, mais s’il avait osé
Me dire : Quittez-la, je l’aurais refusé.

Edgar lui prenant la main.

Chère sœur !
Chère sœur ! (À part.)
Chère sœur ! Voilà donc cette famille unie
Qu’un monde corrompu soupçonne et calomnie !
Elle mériterait un destin plus heureux !

Valentine.

Pourquoi lever au ciel des regards langoureux ?

Edgar à part.

Je tremble qu’un hasard fatal ne lui révèle
Les propos que l’on tient sur sa mère et sur elle.
Un soupçon troublerait toute sa vie.

Valentine.

Un soupçon troublerait toute sa vie.Eh bien ?
Je vous parle, monsieur, vous ne répondez rien.