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Scène II.

Les Mêmes, MADAME GUILBERT.
(Elle est en grande parure et coiffée d’un turban.)
Madame Guilbert.

Comment, monsieur Guilbert, vous faites des journaux !

Guilbert.

Ah ! voilà maintenant ma femme qui me gronde !
Aujourd’hui je serai grondé par tout le monde,
C’est mon sort, et je sens que je l’ai mérité.

Madame Guilbert.

Pourquoi faire un journal ?

Guilbert.

Pourquoi faire un journal ? Quelle fatalité !

Madame Guilbert.

Dans quel but, s’il vous plaît ?

Guilbert.

Dans quel but, s’il vous plaît ? Vous ignorez, ma chère
Qu’un journal peut servir beaucoup dans mainte affaire.

Madame Guilbert.

Soit, mais pour profiter d’un semblable moyen,
On dit aux rédacteurs…

Guilbert.

On dit aux rédacteurs…Vous les connaissez bien !
Ce sont des indiscrets, des fous que rien n’arrête.
Ils ont l’air de comprendre, et ne font qu’à leur tête,
Répondant, sans égard pour le plus maltraité,
Qu’ils doivent, avant tout, dire la vérité.
Mais, grâce au ciel ! je suis sorti de leur galère.

Madame Guilbert.

Oui, mais vous sortirez aussi du ministère,
Si vous ne vous hâtez de réparer le mal
Que nous fait, malgré vous, ce malheureux journal.
Votre gendre demain ne sera plus ministre.

Guilbert.

Courage, on peut encore éloigner ce sinistre.
Ses collègues, ma chère…

Madame Guilbert.

Ses collègues, ma chère…Ah ! dites ses rivaux !