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Ses accès me font peur : il s’emporte, il s’oublie.
Un jour, n’en dites rien, il s’est empoisonné.
Ses élèves déjà l’ont tous abandonné.
Dam, messieurs, vous avez tant ri de son école,
Que tous ces jeunes gens vous ont crus sur parole ;
En lisant les journaux, ils rougissaient de lui,
Et comme des ingrats loin du maître ils ont fui.
L’atelier est désert. Monsieur le journaliste,
Ayez pitié de lui. Tenez, voici la liste
Des tableaux qu’il a faits jadis, dans son bon temps :
Alexandre, l’Amour faisant passer le Temps,
La Bataille d’Iéna, les Muses au Parnasse…

Martel toujours assis à son bureau.

Bien ; pour le consoler, que veux-tu que je fasse ?

André.

Un éloge, monsieur, lui rendrait la raison.

Martel.

Un éloge, en effet, c’est le contre-poison
De la critique.

André.

De la critique.Un mot, et moi je vous pardonne
D’avoir dépareillé mon auguste personne.

Martel.

Que dis-tu ? je serais…

André.

Que dis-tu ? je serais…Vous, non, mais vos pareils,
Dont j’ai trop bien suivi les dangereux conseils ;
Ceux qui nous font rester trois jours en embuscade
Derrière un omnibus, qu’ils nomment barricade ;
Qui, chauffant nos esprits, dans de sanglants combats
Nous donnent rendez-vous, et qui n’y viennent pas.
Nous étions des héros dans notre imprimerie,
Nous allions tous les ans délivrer la patrie.
En juin, j’étais là-bas ; diantre ! il y faisait chaud !
J’y courus patriote, et j’en revins manchot ;
Les balles m’ont taillé, messieurs, vous voyez comme.
Or, n’ayant plus d’état, je me suis fait bel homme.

Pluchard.

En effet.