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pas votre crédit pour empêcher qu’on n’emprisonne cette noble femme qui est votre belle-mère, madame ?…

Julie se contraignant.

Non.

Madame de Langeais mère.

Une femme qui n’a pas pitié des têtes blondes de ses enfants aura-t-elle pitié de ma tête blanchie par l’âge ?… celle qui n’a pas d’entrailles peut-elle avoir du cœur ?… Venez, vous n’obtiendrez rien d’elle.

Hilarine.

Partons… Du moins, madame, vous vous souviendrez que je ne me suis point abaissée jusqu’à vous implorer pour moi.

Julie.

C’en est assez ! sortez !… et bénissez le dédain généreux qui vous épargne.

Finot.

Elle est sublime !

Madame de Langeais mère pleurant.

Adieu, Julie… je ne comprends plus votre conduite ! je vous plains comme une pauvre malade qui a la fièvre… Adieu, je prierai pour vous ; et si je meurs en prison, n’ayez point de remords… avant de mourir, je vous aurai pardonné — Venez, venez, Hilarine.

(Elle sort suivie d’Hilarine et des deux parents.)
Julie seule.

Quelle épreuve !… je n’ai plus de force, je suis brisée… Mon Dieu, vous seul pouvez empêcher que je ne succombe… je me sens faiblir… la prière… la prière seule !… (Elle se met à genoux ; on entend marcher, elle se lève.) Des pas ici !… Dieu lui-même est suspect !… Si l’on me voyait prier, on se défierait de moi… On vient… Dans quel temps sommes-nous donc, qu’il faut se cacher même pour prier Dieu !

(Elle sort.)



Scène VIII.

FINOT, puis ROSETTE.
Finot.

Citoyenne !… on vient de les arrêter à ta porte !… — Tiens ! elle n’est plus là… Les vilaines gens, comme ils l’ont insultée !… Quatre gendarmes !… ça me fait toujours