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je veux bien admettre que la haine d’un mari rende pénible à une épouse égarée l’aspect de ses enfants, l’image qu’ils retracent peut être une cause de répulsion, mais la haine ne dispense pas du devoir.

Julie.

On a plusieurs devoirs, quelquefois contraires, qui nous forcent à choisir entre eux.

Madame de Langeais mère.

Et quel devoir plus grand pour une femme que celui d’élever, d’aimer ses enfants ?

Finot à part.

Oh ! voilà la nature qui revient sur l’eau.

Hilarine.

Eh bien, madame, nommez-les donc, vos autres devoirs !

Julie.

À quoi bon les glorifier ? vous ne les comprendriez pas.

Hilarine.

Pardonnez-moi, c’est le dévouement de la citoyenne pour le citoyen… On sait vos projets ! vous sacrifiez votre premier mari, que vous n’avez jamais aimé, pour vous consacrer toute au second.

Julie.

Tu vois bien que tu ne peux pas me comprendre, toi qui n’as encore su trouver ni le premier ni le second.

Hilarine.

Hein ?…

Madame de Langeais mère.

Mesdames, respectez-vous, respectez-moi… J’ai dit ce que j’avais à dire… Adieu, madame, adieu… Puissent vos enfants trouver un cœur charitable qui vous remplace !

(Elle se lève et marche vers le fond.)
Julie s’oubliant.

Madame !…

Madame de Langeais mère.

Julie !…

Julie froidement, les yeux tournés vers l’armoire.

Adieu, citoyenne.

Hilarine.

Quoi ! vous la laissez partir ainsi ? quoi ! vous n’employez