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de la peine à me retourner… (il sort de l’armoire.) Eh bien, le prétendu ?

Julie.

Il demande le divorce à grands cris.

De Langeais.

Déjà ! comment, vous en êtes là… au second divorce ?

Julie.

Non, monsieur, ce n’est encore que le premier, le nôtre… Il va venir chercher l’acte, qui n’est pas prêt.

De Langeais.

Ce n’est pas ma faute, moi, j’y ai travaillé jusqu’à une heure du matin… il fallait le copier.

Julie.

Je l’ai copié, mais il y manque une page.

De Langeais.

La page des griefs ? je l’ai laissée en blanc… je ne pouvais pas passer toute la nuit à chercher mes défauts et vos griefs, madame.

Julie prenant l’acte.

Tiens, sois gentil… écris tout de suite ; que je le lui donne aujourd’hui…

De Langeais s’asseyant pour écrire.

Quel empressement ! ce doit être un homme bien aimable que mon remplaçant… Et moi qui ne connais pas le prétendu de ma femme !

Julie.

Voyons, vite, les griefs…

(Elle cherche.)
De Langeais parcourant l’acte des yeux.

Comme c’est rédigé, ça ! c’est un chef-d’œuvre… C’est dommage…

Julie lui donnant une plume et du papier.

Que ce ne soit pas sérieux et que ce soit inutile !

De Langeais.

Oh ! ce n’est pas inutile, prends-y garde : nous ne serons plus mariés, nous ne pourrons plus rien… Par exemple, nous ne pourrons plus avoir d’enfants… légitimes.

Julie.

Ah ! mon Dieu, il ne faut pas plaisanter avec le divorce !…