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Rosette.

Oh ! quelque femme jalouse… Je viens tous les jours ici ; cette préférence que je ne cache point fait des envieuses ; mais nous les ferons taire en ouvrant tous les battants de ta maison et en disant à tes ennemis : Entrez et cherchez.

Julie à part.

Mon Dieu !

Rosette.

Il faudra bien que les pauvres délaissées se résignent… Oh ! j’ai hâte de les confondre !… Si je les écoutais, je te ferais espionner nuit et jour… elles sont toutes furieuses.

Julie.

Toutes ? il y en a donc beaucoup ?…

Rosette.

Oui, mais pas une qui te puisse donner de l’ombrage, j’en atteste l’Être suprême, restauré si heureusement par mon bienfaiteur… non… Seulement, on veut me persuader que tu te moques de moi.

Julie.

Ah ! cela est infâme !

Rosette.

Sois tranquille, je n’en crois rien… et il faudra bien que leurs calomnies se taisent devant des preuves.

Julie.

Quelles preuves ?

Rosette.

Les petites perquisitions.

Julie.

Mais pour une citoyenne comme moi, c’est une humiliation, une honte… n’est-il aucun moyen de m’y soustraire ?

Rosette.

Ah ! si j’étais ici chez moi on n’y ferait pas de perquisition… ce n’est pas la citoyenne Rosette que l’on soupçonnerait… Mais j’attends toujours cet acte de divorce que l’on me promet depuis trois mois et que l’on devait me donner tout fait, tout copié, il y a trois jours.

Julie.

Eh bien… tu l’auras… il est fait, il est copié.

Rosette.

Oh ! donne-le vite, ma chère âme !