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où j’ai envie de quitter tout, de me dénoncer, de me livrer, pour aller la manger de caresses !… oh ! l’embrasser ! l’embrasser !… Sais-tu, Julie, quand nous la reverrons ?… Il faudra me surveiller… en l’embrassant je l’étoufferais !…

Julie.

Calme-toi… je te le disais bien, que tu deviendrais enragé si je te parlais d’elle.

De Langeais.

Eh bien, qu’as-tu appris de cette chère créature ?… Me voilà tranquille.

Julie.

Elle est belle comme un ange… elle est très-grandie… elle a bonne mine, malgré son chagrin.

De Langeais.

Crois-tu qu’elle me reconnaîtrait avec mes grandes moustaches ?… ça me change tellement, que…

Julie.

Ah ! tu as beau te déguiser… C’est comme moi… quand je dis que je ne l’aime plus.

De Langeais.

Pauvre enfant ! ça doit lui sembler drôle d’être détestée…

Julie.

Par moi !… aussi elle ne s’y accoutume pas… elle s’est mise en colère quand Finot lui a parlé de mon civisme.

De Langeais.

Pauvre petit chou ! elle ne doit pas aimer le civisme.

Julie.

Non, et elle a corrompu Finot pour avoir de mes nouvelles… on lui avait dit que j’étais malade !…

De Langeais.

Corrompu !… comment cela ?

Julie.

Elle lui a donné toutes ses cerises.

De Langeais.

Cher amour ! elle qui est si gourmande !

Julie.

C’est ce que j’ai dit tout de suite.

De Langeais.

Ma pauvre femme ! quel supplice tu t’imposes pour moi…