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(Elle tourne quelques pages et lit encore.)

 » Un préfet. » — C’est cela, bien… « Très-honnêtement
» La mère a marié sa fille à son amant. »
De madame Guilbert c’est le portrait, l’histoire…
Bah ! les noms sont changés… il n’a pas de mémoire.
D’ailleurs, je saurai bien l’envoyer malgré lui.
Patience, j’aurai la victoire aujourd’hui.
Ceci, c’est un manchon.

(Elle roule le manuscrit, dans lequel elle met ses mains comme dans un manchon.)
Martel.

Ceci, c’est un manchon.Tu bavardes sans cesse,
Je ne puis travailler.

Cornélie.

Je ne puis travailler.Bien, monsieur, je vous laisse.

Martel écrivant rapidement.

Ne me dérange plus, je suis très en retard.

(Elle sort.)

Scène VII.

MARTEL, PLUCHARD.
Pluchard.

Il faut que je lui parle ! Allons, c’est moi, Pluchard.

Martel impatienté.

À l’autre, maintenant.

Pluchard avec effroi.

À l’autre, maintenant.Martel, as-tu des armes ?

Martel.

Qu’est-il donc arrivé ?

(Il quitte son bureau.)
Pluchard.

Qu’est-il donc arrivé ? Ma femme est tout en larmes.

Martel.

On veut t’assassiner ! D’où te vient cet émoi ?
Parle.

Pluchard.

Parle.Un homme est venu pour se battre avec moi.
Ah ! jamais je n’ai vu de pareille colère.
Il criait, il jurait comme un héros d’Homère.
Ah ! quel homme !