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Henriette.

Il a la voix si fausse…

Stéphanie.

Eh bien, vous ne trouvez pas ? Êtes-vous donc comme Amédée, qui perd tout ?

Henriette cherchant.

Oui, hier monsieur lui demandait la clef de son armoire et il lui a fait cette belle réponse : C’est moi qui l’ai perdue, monsieur, mais bien innocemment, car je ne sais où je l’ai mise… — Ah ! voici l’échantillon !

Stéphanie.

À la bonne heure ! on peut choisir avec celui-là.

(Elle sort par le fond.)

Scène XIII.

HENRIETTE, AMÉDÉE.
Henriette ouvrant la porte du salon.

Prenez donc garde, madame vous a entendu gémir.

(Elle retourne près de la table à ouvrage, mais reste debout après avoir posé sur la table du milieu le chapeau qui était sur sa chaise.)
Amédée paraissant seul.

Madame !

Henriette[1].

Elle est sortie… Eh bien, y a-t-il du remède ?

Amédée.

Oh ! je suis sauvé ! je n’ai cassé que le grand ressort, la sonnerie, le spiral et le barillet… et M. Dollar dit que ce n’est rien, que dans quatre jours la pendule sera reposée sur la cheminée… quatre jours ! c’est tout ce qu’il nous faut… on ne se tient dans le salon que le dimanche. Ah ! je respire !… il faut que je vous embrasse dans mon bonheur !

Henriette qui a terminé sa robe et la tient sur son bras.

Non, vous m’avez déjà trop embrassée dans le malheur.

Amédée.

Oui, mais machinalement, tandis que maintenant je sais ce que je fais.

(Il veut l’embrasser, elle lui échappe.)
  1. Henriette, Amédée.