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candélabres, flanquer du blanc d’Espagne sur les glaces et les carreaux… et puis balayer, oh ! mais balayer avec fureur, pour qu’une poussière épouvantable aveugle tous ceux qui voudraient passer la porte… Je ne peux que ça, et encore ça ne pourra pas durer toujours… Oh ! mademoiselle Henriette, si vous étiez bien gentille…

Henriette.

Je n’ai pas le temps d’être gentille.

Amédée.

Vous iriez chercher l’horloger.

Henriette.

Je ne peux pas, mon pauvre garçon.

Amédée.

Oh ! mademoiselle Henriette, allez-y, et ma vie est à vous ! Je me donnerai à vous tout entier, je vous prendrai pour moi tout entière… Je vous servirai, je vous protégerai, je vous défendrai comme un seul homme !

Henriette.

Il perd la tête !

Amédée.

J’embrasse vos genoux !

Henriette se levant.

Encore ! Quel désespoir entreprenant !… Laissez-moi.

Le Portier en dehors, au fond.

Il n’y a donc personne ici ?

Amédée.

Oh ! le portier ! c’est le ciel qui l’envoie !… Je ne vous demande plus rien, mademoiselle… Avec quelques centimes, j’obtiendrai de ce vieillard, dont je ne suis pourtant pas amoureux, tout ce que vous refusez à mes folles prières !

(Il va au fond recevoir le portier. — Henriette se remet à travailler.)

Scène VIII.

HENRIETTE, AMÉDÉE, LE PORTIER.
Le Portier.

Voilà une lettre pressée pour M. Gonzalès.

Amédée.

Par la poste ?

Le Portier.

Non… En voilà d’autres par la poste, et des journaux.