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heures ; en me dépêchant… (Une pendule sonne.) Ah ! deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze ! douze ! impossible !… treize, quatorze, quinze, seize… (Riant.) dix-sept, dix-huit, dix-neuf… Eh bien, voilà une jolie heure, une heure toute nouvelle… Ah ! ce pauvre Amédée, quel maladroit !… (On entend un bruit de crécelle comme un grand ressort de pendule qui lâche sa chaîne.) Ah ! qu’est-ce que c’est que ça ? qu’est-ce donc qu’il fait à la pendule ? Il l’exaspère !

(Elle se lève.)

Scène III.

HENRIETTE, AMÉDÉE.
Amédée dans le salon.

Là ! mon Dieu ! mon Dieu ! tout est fini, fini !

(Il paraît.)
Henriette.

Eh bien, Amédée, qu’avez-vous donc ?

Amédée sombre et fatal.

Rien !

Henriette.

Vous venez de casser la pendule ?

Amédée.

Non, elle s’est cassée elle-même, en tombant…

Henriette.

Mais c’est vous qui l’avez jetée par terre.

Amédée.

Au contraire, c’est elle qui m’a jeté par terre ; c’est elle qui est tombée sur moi, le ciel m’en est témoin ; je n’ai fait qu’amortir sa chute.

Henriette.

Nous voilà bien !… Cette superbe pendule qu’ils admiraient tant… Quelle colère, quel vacarme nous allons entendre… monsieur qui est si vif…

Amédée.

Il n’y a pas au monde un homme plus violent… avec ça qu’il a été autrefois Espagnol, et il en reste toujours quelque chose.

Henriette.

Bêta, ce n’est pas lui, c’est son père qui a été Espagnol… M. Gonzales, il s’est fait naturaliser Français.