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Scène XXI.

NOËL, MADAME DES AUBIERS.
Madame des Aubiers

Ferme la porte… Eh bien, Noël, on a des nouvelles de mon fils !

Noël stupéfait.

Ah ! madame, qui est-ce qui vous a dit une chose pareille ?

Madame des Aubiers.

C’est Blanche.

Noël.

Mademoiselle Blanche a eu tort de vous dire ça… Ce n’est peut-être qu’un faux bruit qui vous donnera une fausse joie.

Madame des Aubiers.

Comment ?

Noël.

Oui, il y a quelque chose… (Madame des Aubiers chancelle. Il la fait asseoir sur le fauteuil, à droite.) Et si vous étiez tranquille, si vous pouviez être tranquille, je vous dirais tout.

Madame des Aubiers.

Oh ! Noël… vois comme je suis calmé !

Noël.

Vous n’en avez pas trop l’air… Au premier mot que je vous dis, vous tombez !…

Madame des Aubiers.

Je t’en prie, je t’en supplie… c’est un bonheur impossible ; mais depuis une heure que Blanche m’a jeté cette idée en espérance, je l’ai comprise, acceptée… je…

Noël avec une fausse bonhomie.

Alors, je peux vous dire la vérité.

Madame des Aubiers.

Oui, mon bon Noël, mon vieil ami… toute la vérité… Eh bien ?….

Noël.

Voilà ce que c’est. Un voyageur a débarqué ce matin au Havre, et ce voyageur a raconté, par hasard, qu’il avait rencontré dans ses voyages un jeune voyageur… avec qui il avait voyagé… et que ce jeune voyageur se nommait Adrien des Aubiers… Alors, on lui a dit que nous avions appris sa mort, qu’il avait péri à… vous savez… « Mais non, a-t-il