à personne !… Pleurer son fils, et le revoir tout à coup devant soi, vivant… Entendre sa voix qu’on croyait éteinte à jamais… le tenir dans ses bras serrés, serrés… pour qu’il ne s’échappe plus !… (Avec exaltation.) Oh ! cette joie-là, je savais bien qu’il n’était donné à personne de la connaître, de la savourer !
Oh ! voyez, regardez-la, comme elle a la fièvre !
Je m’exalte trop, ils ne me diront rien.
Vous comprenez quelle prudence il faut !
Qui t’avait fait ce conte-là, ma fille ?
C’est Noël, maman. Un paysan lui a donné ce matin cette nouvelle comme certaine.
Est-ce que cet homme donnait des détails ? Est-ce qu’il nommait précisément la Gervaise ?
Je ne sais pas s’il l’a nommée.
Ah ! ah !…
Prenez garde !
Je sais seulement que d’après tout ce qu’il a raconté, Noël n’a pu douter qu’il ne s’agît de Gervaise.
Je retourne au Havre ce soir ; et si vous le désirez, madame, je vous enverrai des renseignements.
Vous partez, Octave ? (À part.) Comme il est triste !… (Haut.) N’avez-vous pas promis à M. de Pierreval de lui ramener sa fille ?
Oui, madame, mais…
Avez-vous réussi ?… consent-elle ?