Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/425

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à personne !… Pleurer son fils, et le revoir tout à coup devant soi, vivant… Entendre sa voix qu’on croyait éteinte à jamais… le tenir dans ses bras serrés, serrés… pour qu’il ne s’échappe plus !… (Avec exaltation.) Oh ! cette joie-là, je savais bien qu’il n’était donné à personne de la connaître, de la savourer !

Blanche à Octave, bas.

Oh ! voyez, regardez-la, comme elle a la fièvre !

Madame des Aubiers

Je m’exalte trop, ils ne me diront rien.

(Elle s’assied à droite.)
Blanche à Octave, bas.

Vous comprenez quelle prudence il faut !

Madame des Aubiers.

Qui t’avait fait ce conte-là, ma fille ?

Blanche.

C’est Noël, maman. Un paysan lui a donné ce matin cette nouvelle comme certaine.

Madame des Aubiers.

Est-ce que cet homme donnait des détails ? Est-ce qu’il nommait précisément la Gervaise ?

Blanche.

Je ne sais pas s’il l’a nommée.

(Mouvement de madame des Aubiers.)
Madame des Aubiers.

Ah ! ah !…

Octave bas à Blanche.

Prenez garde !

Blanche.

Je sais seulement que d’après tout ce qu’il a raconté, Noël n’a pu douter qu’il ne s’agît de Gervaise.

Octave à madame des Aubiers.

Je retourne au Havre ce soir ; et si vous le désirez, madame, je vous enverrai des renseignements.

Madame des Aubiers

Vous partez, Octave ? (À part.) Comme il est triste !… (Haut.) N’avez-vous pas promis à M. de Pierreval de lui ramener sa fille ?

Octave.

Oui, madame, mais…

Madame des Aubiers.

Avez-vous réussi ?… consent-elle ?