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Noël.

Pourquoi ?… c’est… c’est pour empêcher la poussière de sortir.

Blanche.

La poussière !…

Noël à part.

Qu’est-ce que je dis donc ?

Blanche allant prendre son ouvrage sur la table à gauche.

Maman est allée à la messe avec Mathilde… Elles n’ont pas voulu m’emmener… j’y suis allée ce matin déjà. Je croyais que maman serait trop souffrante et qu’elle ne pourrait pas sortir aujourd’hui… Oh ! Noël, tu as raison, je la regardais tout à l’heure, elle est bien atteinte, ce chagrin l’a brisée.

(Elle traverse le théâtre pour aller à la cheminée chercher ses ciseaux.)
Noël a repris son plumeau et époussette les meubles.

Le chagrin… oui… effectivement le chagrin… (Il fredonne.) Peuh ! peuh !…

Blanche s’arrêtant.

Mais qu’as-tu donc ?

Noël.

Moi ?… rien… rien… Peuh ! peuh !

Blanche se retournant.

Je te parle de mes inquiétudes et tu ne m’écoutes pas.

Noël.

Si fait, mademoiselle, si fait… Peuh ! peuh !

Blanche.

En vérité, je crois qu’il chante ! Toi, Noël, tu chantes ! Mais qu’est-ce qu’il y a donc ? (S’approchant de Noël.) Noël, tu as l’air tout jeune ! ce n’est pas naturel… Il est arrivé quelque chose… Mais qu’as-tu donc, Noël ?

Noël.

Je suis bouleversé, n’est-ce pas ? J’ai la figure à l’envers ?… Je vous parais tout drôle, cela doit être. C’est que je viens d’éprouver une émotion, une impression, une commotion violente, et j’ai un peu de peine à me remettre.

Blanche.

Une émotion heureuse, car tu es tout content et tu chantes !

Noël.

Oui, mademoiselle…