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Noël qui s’est mis devant Adrien, se jetant dans ses bras.

Embrassez-moi toujours, ça vous soulagera. (Adrien l’embrasse avec passion.) Tant que vous n’aurez rien de mieux à embrasser, tâchez de vous faire illusion. (Il passe à gauche, et Adrien se rapproche de la fenêtre.) Grâce au ciel, le danger est passé ! (Arrachant Adrien de la fenêtre.) Mais cachez-vous donc !… si elle se retournait !…

Adrien.

Cela me fait tant de bien de la suivre des yeux !… Noël, tu vas dire que je suis un monstre, mais cela me fait plaisir de me voir pleuré comme ça !

Noël.

Vous n’êtes pas dégoûté !… Mais il ne s’agit pas d’être heureux, il faut nous entendre… nous avons une heure devant nous… Mais non ! qu’est-ce qui vient là ?… vite le verrou.

(On frappe à la porte.)
Blanche au dehors.

Noël !…

Noël bas à Adrien.

C’est votre sœur !

Adrien.

Blanche !

Blanche.

Noël !…

Noël.

Ah bah ! à cet âge-là, on a de la force pour le bonheur. Laissez-moi seulement la prévenir… cachez-vous derrière le rideau.

(Il indique la fenêtre.)
Blanche.

Ouvre donc !

Noël.

Voilà, voilà.


Scène X.

BLANCHE, NOËL, ADRIEN caché.
Noël. Il retire le canapé, pousse le verrou.

Ah ! c’est vous, mademoiselle.

(Il époussette les meubles en fredonnant.)
Blanche.

Pourquoi donc t’enfermes-tu, Noël ?