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contente !… Oh oui !… mais il ne faut pas l’épouvanter non plus ; celle-là, c’est un autre genre, elle deviendrait folle. Ô mon Dieu ! mon Dieu ! qu’est-ce que je vais faire de mes femmes ?… comment leur apprendre ?… comment les avertir ?… Je m’y perds, je n’y suis plus… je…

Adrien.

C’était pour éviter tout ce trouble que je t’avais écrit. En arrivant au Havre, j’ai su que la nouvelle de ma mort était répandue dans le pays, et c’est toi que je chargeais de dire à ma mère…

Noël écoutant.

Chut !…

Adrien.

Quel malheur que tu n’aies pas reçu cette lettre !

Noël.

Silence donc ! c’est elle !

Adrien.

Qui ?

Noël.

Madame !

Adrien.

Ma mère !

Noël.

C’est son pas fatigué et languissant… elle s’arrête à moitié de l’escalier… c’est elle !… où le cacher ?…

Adrien.

Dans ma chambre.

(Il court vers la petite porte à gauche.)
Noël.

Madame a la clef… on n’entre plus dans cette chambre !

Adrien.

Sur le balcon ?…

Noël.

Dehors !… on vous verrait. Le verrou… le verrou… non… cela l’inquiéterait, elle insisterait pour entrer… Ah ! barricadons la porte… vite, vite, aide-moi !

(Il tire le canapé de droite et le place devant la porte, aidé d’Adrien ; il met ensuite un fauteuil devant le canapé.)