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Adrien lui prenant les mains.

Mon brave Noël, tu trembles pour ma mère… elle est donc bien malade, que le bonheur de me revoir te paraît si dangereux pour elle ?

Noël.

Très-malade… Oh ! je ne suis plus inquiet… c’était le chagrin… le bonheur va la guérir ; mais, pour cela, il ne faut pas qu’il la tue du premier coup. Oh ! ce premier moment sera terrible !… Je ne sais… je cherche… Me voilà aussi tourmenté que le jour où je lui ai appris votre mort… Elle est restée trois heures sans connaissance… et pourtant je l’avais amenée tout doucement…

Adrien.

Pauvre mère !… Oh ! qu’il me tarde de l’embrasser !

Noël.

Tais-toi donc ! tu me fais peur.

Adrien.

Tu crois que la joie…

Noël.

Je crois qu’à votre vue elle tomberait morte… voilà ce que je crois… Il faut absolument que votre sœur…

Adrien.

Oui, Blanche nous aidera. Qu’il y a longtemps que je ne l’ai vue ! comme elle doit être jolie à présent !

Noël.

Elle était jolie, elle l’est encore ; mais depuis votre mort elle pleure tant !…

Adrien.

Chère petite sœur !… Et mademoiselle de Pierreval ?

Noël.

Elle est ici.

Adrien.

Mathilde est ici !

Noël.

Depuis votre mort elle n’a pas quitté la famille.

Adrien.

Oh ! Noël, que je suis heureux ! (Il lui saute au cou et l’embrasse.) Elle m’aime donc toujours ?

Noël.

Elle fait votre portrait et elle pleure !… Va-t-elle être