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Adrien.

Mais, Noël, ce saisissement… je ne comprends pas… Mes deux lettres… tu ne les as donc pas reçues ?

Noël.

Rien… je n’ai rien reçu !

Adrien.

Ma lettre a dû arriver hier.

Noël.

Hier !… Depuis qu’on n’attend plus rien de toi, on n’envoie plus chercher les lettres à la ville.

Adrien.

Mais vos autres lettres ?

Noël.

Oh ! celles-là, elles viennent quand elles veulent.

Adrien.

Et ma mère ?…

Noël.

Elle vous croit toujours mort.

Adrien.

Mort !

Noël.

Ah ! la malheureuse, quel coup de foudre ! Ô Seigneur !…

Adrien.

Ainsi, elle n’est donc pas préparée à mon retour ?

Noël.

Est-ce que j’y étais préparé, moi ?… Mais, j’y pense, quelqu’un t’a peut-être vu entrer ici ?… N’as-tu pas rencontré quelqu’un ?

Adrien.

Personne… J’étais même inquiet de ce que vous ne veniez pas tous à ma rencontre.

Noël.

À sa rencontre !… Il est amusant !… Mais cette émotion est trop… un autre à ma place en serait tout éperdu… Heureusement que j’ai de la tête ! Voyons, soyons prudent… ces pauvres femmes, elles en mourraient !… il faut les amener, petit à petit, à cette idée… si douce ! mais trop douce… Ah ! c’est que, vois-tu, elles n’ont pas mon énergie… elles ne pourraient supporter… comme moi…