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pleuré !… Tachez de lui sourire un peu, inventez quelque chose d’agréable… figurez-vous qu’un bon jeune homme, qui a l’air de ne pas penser à vous, vient tout à coup vous demander en mariage.

Blanche.

Un bon jeune homme ?

Noël.

Je ne parle pas de M. Octave.

Blanche souriant.

M. Octave !

Noël.

À la bonne heure ! le voilà, ce joli sourire qui était notre joie à tous… Il y a si longtemps qu’on ne l’avait vu ! Souriez, souriez comme cela à votre mère… allez, allez, c’est ce qui peut lui faire le plus de bien.

Blanche.

Oh ! tu es bon, Noël, tu me rends toujours du courage ! Nous avions toutes perdu la tête… Tu as été pour nous un sauveur !… si délicat dans tes soins pour ma mère, si ingénieux pour la préparer doucement à ce coup terrible !… Je ne te dis rien, mais je sens bien tout ce que nous te devons. Oui, va, je te connais et je t’aime bien !… Oh ! mais voilà que tu pleures à ton tour, je t’y prends ! tu ne pourras plus me gronder !…

Noël pleurant.

C’est qu’aussi vous me dites des choses !… (Se fâchant.) Allons, allons ! ne m’attendrissez pas ! ne m’enlevez pas mon énergie !

Blanche.

Comment ! tu ne veux pas que je te dise que je t’aime et que tu es bon ?… Eh bien, je te dirai que tu es très-spirituel.

Noël.

Moi ?

Blanche.

Et que, malgré ton air niais et tes boucles d’oreilles…

Noël.

J’ai l’air niais ?

Blanche.

Un peu…